Se partir en imaginaire
- Francine Labelle

- 8 juil.
- 3 min de lecture

Se partir en imaginaire
Je désire peindre aujourd’hui’ et je n’ai pas d’idées.
Que faire ? Ah la la…
OK. Je m’installe. Je dépose sur ma palette un peu de chacune des couleurs dont je dispose, ne sachant pas encore de que je vais faire avec. Elles sont là sur ma palette et elles me regardent.
C’est parfait.
C’est le vide en moi… Rien.
Quelle est la couleur qui me saute aux yeux maintenant ?
Et c’est parti.
Je plonge mon pinceau dans cette merveille et je laisse mon pinceau jouer sur la surface en créant des taches opaques. Oui opaques. Je ne veux pas voir apparaître le fond blanc qui appauvrirait ma couleur. Je fais du «définitif pour l’instant» . Et si je ne l’aime plus ? Pas grave, je passerai par-dessus : je suis à l’acrylique, pas de problème.
Je joue avec mon pinceau, ma spatule et mes couleurs.
Et la seule question que je me permettrai sera «qu’est-ce que ça donne si… ?»J’ose et je risque le tout pour le tout.
Puis, quand ma surface est couverte de taches et que le fond de toile a disparu, je m’assois et je me mets au courant de ce que je ne pouvais pas voir pendant que je peignais, ayant le nez collé dessus.
Puis après quelques minutes, probablement qu’une impulsion va me venir pour aller jouer dans un coin jugé plus laid ou plus ennuyeux. Et cette impulsion me mettra à nouveau dans l’excitation ou la peur de l’inconnu et je déciderai de lui faire confiance…
Et c’est reparti !
C’est ainsi qu’il se peut que des formes ou des couleurs que j’ai perçues avec plaisir dans les jours précédents surgissent au bout de mon pinceau sans que je ne les aie vues venir et qu’elles m’entraînent vers d’autres formes et d’autres couleurs. Et le tableau se construit rapidement ou tranquillement, selon !
Et je joue.
Je joue avec tous les coups de pinceaux et les textures qu’il m’est possible d’inventer pour voir ce que ça donne quand l’envie me prend…
L’ennemi : la retenue, le «oui mais…» dans ma tête.
La clé de la connaissance : l’expérimentation. Qu’est-ce que ça donne si j’ose ?
On va bien voir.
Et si je n’aime pas ça ? Ben, je le saurai !
Ça va s’appeler le métier.
Le métier vient avec l’audace expérimentale vécue avec curiosité.
Je ne veux pas faire «différent». Faire différent, c’est se définir par rapport à quelque chose qui est extérieur à moi. «Faire différent de»… Non !
Oui, mais ça a déjà été fait ! Et alors ? Moi, je ne l’ai pas fait !
Oui mais ce que je fais , c’est toujours pareil ! Ah oui ? Encore plus «pareil»…
La seule façon que j’aie trouvé de m’en sortir alors, c’est de me permettre d’aller au bout de cette petite voix fatigante et de la mettre sur la toile. Oui, cette petite voix qui me fait douter de moi et qui vient sans doute de ma peur.
Et bien sûr en me permettant d’aller jusqu’au bout, j’en sors …ailleurs, ayant en plus compris quelque chose.
J’ai intégré ce qui me fascinait et je l’ai incorporé et il s’est métamorphosé. Il est devenu autre chose parce que mon adn est unique… et que je refuse de m’ennuyer en me soumettant à cette petite voix intérieure qui me met des bâtons dans les roues à chaque fois que j’ai une impulsion audacieuse.
J’apprends.
J’apprends en jouant avec ce qui m’allume et … si ça m’allume, c’est que ça m’appartient ! Et alors ça me mènera nécessairement ailleurs… parce que je suis moi et que je suis curieuse. Et ma curiosité, c’est mon guide infatigable.
Je vous souhaite beaucoup de plaisir !
Francine





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